Des nouvelles de la recherche en ergonomie

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Des nouvelles de la recherche en ergonomie

TRAVAIL SAISONNIER ET SANTÉ AU TRAVAIL
(Marie-Ève Major, Pascal Wild, Hélène Clabault, 2020)

Le travail saisonnier, étant définit comme un emploi non permanent et en fonction du rythme des saisons, est tout de même présent à plus de 10% dans certaines provinces du Canada, selon statistique Canada. Ce type de travail se retrouverait davantage dans les secteurs primaires, tel que la foresterie, l’agriculture et la pêche, ainsi que dans le secteur de la construction.

La professeure Marie-Ève Major (Université de Sherbrooke) et ses collaborateurs se sont intéressés aux connaissances que l’on a sur le travail saisonnier, afin de mieux guider les actions de prévention des troubles musculosquelettiques. Les objectifs de l’étude étaient de :

  1. Dresser un bilan des connaissances sur ce type de travail atypique et de;
  2. Développer une méthode d’analyse du suivi longitudinal d’indicateurs de l’état de santé musculosquelettiques de travailleurs saisonniers.

Afin de répondre au premier objectif, l’étude démontre les problématiques, les enjeux et les défis pour la prévention des TMS en contexte saisonnier. Trois points importants ont attiré notre attention :  la pénibilité physique, la contrainte temporelle et une forte compétitivité.

La pénibilité physique

Les auteurs mentionnent que pour une grande partie des secteurs où il y a du travail saisonnier, on y retrouve par le fait même une pénibilité physique quant au type de travail et donc, de fortes contraintes musculosquelettiques. Il est aussi constaté que les travailleurs ont souvent très peu de moyens à leur disposition pour faciliter leur travail.

De plus, il est question d’un autre aspect très intéressant dans cette étude liée à l’acceptation de cette pénibilité. Effectivement, il semble commun dans ces secteurs d’accepter la pénibilité du travail comme partie intégrante du travail, puisqu’elle est subie uniquement le temps de la saison. Des propos comme ceux-ci ont été recensés : « on prend sur nous, c’est le travail », ‘’ You ignore it hurts, you just try to ignore! […] But you just ignore it and you’re going on because you know you have to! You got no other choice ” et « tu as fait 85 heures la semaine dernière? Regarde c’est une claque à donner, je le sais… » (Fontaine, Gruaz, Guye, et al., 2008; Major, 2011)

Une contrainte temporelle

Effectivement, cette pénibilité physique est liée d’une part au type de travail, mais d’autre part à une contrainte temporelle. Celle-ci est incontestablement présente due à la nécessité de faire face aux périodes de pointe du secteur en question, qui dépendra d’une ressource naturelle et/ou de fluctuations saisonnières. Comme il l’est bien exprimé dans l’étude : « Le corps est complètement mobilisé pour parvenir à rencontrer les exigences du travail. ».

Cette contrainte temporelle aura donc un effet sur la santé physique des travailleurs, mais également sur leur santé mentale, notamment par la charge mentale qui se voit augmentée. De plus, on y retrouve aussi un enjeu de disponibilité des travailleurs. Effectivement, durant cette période, ceux-ci ont accès à très peu de temps libre et doivent effectuer beaucoup d’heures de travail avec très peu de congés. Cet aspect de disponibilité représente un enjeu également sur les possibilités d’une intervention pour la prévention des TMS.

Une forte compétitivité

Finalement, il y a un autre défi à la prévention des TMS qui ressort en contexte saisonnier. En effet, beaucoup d’entreprises des secteurs saisonniers seraient contraintes à une forte compétitivité marquée par la saisonnalité. Comme l’équipe de la professeure Major le mentionne : « Ces entreprises sont en concurrence pour une même ressource dont la disponibilité́ et la durée de vie sont limitées dans le temps et tributaires des conditions climatiques et météorologiques. » On peut donc facilement s’imaginer l’impact que cela peut avoir sur la production, et souvent, au détriment de la prévention des TMS.

Conclusion

En somme, cette étude évoque notamment la pertinence du suivi des symptômes de TMS au début et à la fin du quart. D’autre part, les auteurs soulignent également le bien fondé des démarches d’intervention en milieux de travail pour aider à cibler des situations prioritaires pour la prévention des TMS, ainsi que pour évaluer les effets et les retombées des projets de changement implantés.

Réf.: Major, M. E., Wild, P., Giguère, D. et Clabault, H. 2020. Travail saisonnier et santé au travail : bilan des connaissances et développement d’une méthode d’analyse pour le suivi longitudinal des troubles musculosquelettiques. IRSST. R-1102. 

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